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Nous n’avons pas une vie au fil logique et inexorable qui commencerait à notre naissance pour se rompre plus ou moins tard selons les péripéties de nos existence. Il nous faut je crois plutôt parler d´une multitude d’existences imbriquées les unes aux autres tel un patchwork aux couleurs criantes et complexes cousu par quelque têtue et opiniâtre petite main. Ces existences juxtaposées s’enfilent et se suivent certe suivant un ordre chronologique impeccable, mais interfèrent et s’influencient à un tel point entre elles qu’il devient rapidement ardu de discerner si ceci vint avant cela, ou si cela pesa plus le passé et moins sur le présent. Et l´on aura beau affirmer que telle senteur de coriandre ou telle sononorité de Feyrouz nous ramènent à une page de notre histoire que nous avons définitivement tourné, plus rien ne nous quitte, plus rien ne nous est étranger, et toutes ces bribes d´histoires parfois si hétéroclites entre elles nous sourvivent et nous obligent. Car on ne peut et on ne doit jamais tourner les pages qui nous ont écrites. Tout au plus peut on prétendre les lires différement.  Jamais sans oublier que quelque soit la lecture que désormais on en fait, elles sont une trame qui nous survivra et embelliront les souvenirs de ceux qui nous sont chers