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Une petite certitude


Me demanderait-on de confirmer, à supposer que cela fut sous le sceau de la plus grande discrétion, d’avoir jamais eu quelque certitude que je serais embarrassé de reconnaître quoique ce soit. Sans doute ai-je déjà eu un jour cette intuition. Avec le temps, c’est une sensation qui semble s’être toutefois fragilisée et m’être devenu étrangère. C´est que le sentiment d’en savoir toujours un peu moins, comme la probabilité qu’aucune réponse puisse jamais être définitive, rendent la question presque incongrue et déplacée. Elle ne se pose plus. Et ne devrait d’ailleurs jamais être posée sauf à vouloir mettre son interlocuteur dans une position difficile. Je ne me souviens pas, en ce qui me concerne, y avoir dernièrement réfléchi. Et tant bien même le doute s’imposerait-il au fil de cette contradiction intime, que je l’évacuerais comme chacun combat la frustration en la reléguant au second plan de son champ de conscience immédiat.

Voilà pourtant qu’au hasard d’une conversation mondaine, l´autre te regarde avec malice. Les yeux pétillants de fourberie, il te pose malgré tout la question en espérant bien qu’elle te confonde et te trouble. Et quand tu l’interroges du regard,  tu perçois son intention comme tu comprends aussitôt qu´il n´attends par ailleurs de toi aucune réponse. Ce à quoi tu réagis illico , en te resservant une copieuse tartine et en affirmant, qu’en toute certitude tu en as la plus ferme de toutes les convictions.

Bien entendu il ne partage pas ton opinion. Mais cela a peu d’importance. D’ailleurs il ne t´écoute pas comme il ne prête attention à aucune de ses propres questions.

Le dit de la Pierre (extrait)


Des yeux reclus mais curieux trompent le plis de ces draps chaperons. Ils scrutent avec avidité et tristesse la désolation toujours cruelle du chemin qui s’éternise, qui s’évanouit parfois en mirage, au loin, devant eux. Comme elles sont lasses et charmantes ces pépites noircies de khôl, cerclées de cotonnades, de toile de damas, de samit grossiers, de brocatelles aux couleurs ternes, de jutes vulgaires surpiquées de coutures fantaisistes, et d’autres brochages ou sparteries en fibre de crin et d’alfa… Ce sont les diamants d’une désolation qui brillent dans leur écrin de tissus gonflés par le vent. Ils scrutent au loin une terre impossible, une terre qui donne espérance, on la leur a promise. Elle est d’ailleurs derrière cette plaine, derrière cette ultime montagne qui ne cesse de s’éloigner plus on s’en approche. Le temps comme l’espace reculent. Ils semblent parfois figés. Mais la terre de l’éternelle alliance est pourtant là. À quelques heures, jours ou siècles de voyage. Elle est clairement annoncée dans la prophétie des anciens, la seule dans laquelle on puisse confier pour en attendre des jours bénis et féconds. Une Terre où ces yeux espèrent aussi en trouver d’autres, pour s’y réfléchir, s’y perdre et s’ y abandonner. D’autres yeux pour y briller, inaccessibles, plus lointains et impossibles que ces innombrables joyaux, à portée de main dans le ciel et qui dans le soir donnent le cap à maintenir.