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Une petite certitude


Me demanderait-on de confirmer, à supposer que cela fut sous le sceau de la plus grande discrétion, d’avoir jamais eu quelque certitude que je serais embarrassé de reconnaître quoique ce soit. Sans doute ai-je déjà eu un jour cette intuition. Avec le temps, c’est une sensation qui semble s’être toutefois fragilisée et m’être devenu étrangère. C´est que le sentiment d’en savoir toujours un peu moins, comme la probabilité qu’aucune réponse puisse jamais être définitive, rendent la question presque incongrue et déplacée. Elle ne se pose plus. Et ne devrait d’ailleurs jamais être posée sauf à vouloir mettre son interlocuteur dans une position difficile. Je ne me souviens pas, en ce qui me concerne, y avoir dernièrement réfléchi. Et tant bien même le doute s’imposerait-il au fil de cette contradiction intime, que je l’évacuerais comme chacun combat la frustration en la reléguant au second plan de son champ de conscience immédiat.

Voilà pourtant qu’au hasard d’une conversation mondaine, l´autre te regarde avec malice. Les yeux pétillants de fourberie, il te pose malgré tout la question en espérant bien qu’elle te confonde et te trouble. Et quand tu l’interroges du regard,  tu perçois son intention comme tu comprends aussitôt qu´il n´attends par ailleurs de toi aucune réponse. Ce à quoi tu réagis illico , en te resservant une copieuse tartine et en affirmant, qu’en toute certitude tu en as la plus ferme de toutes les convictions.

Bien entendu il ne partage pas ton opinion. Mais cela a peu d’importance. D’ailleurs il ne t´écoute pas comme il ne prête attention à aucune de ses propres questions.

Le dit de la Pierre (extrait)


Est-ce un sentiment d’abandon ou de perte qui fait rire ou pleurer de joie ces hommes et ces femmes ? Qui les fait se tordre, se contorsionner, se meurtrir la chair? Ils se frappent le front, ils se fouettent le dos, ils se martèlent la poitrine avec la même énergie qu´ils déploieraient s´ils devaient en outre se punir ou venger un quelconque affront. Est-ce par conviction qu’il n’y a rien derrière la ligne d’horizon et sa chaîne de sommets réputés infranchissables? Cette impression apparaît d’autant plus illusoire qu’ elle s’est en vérité et depuis longtemps diluée, comme toute difficulté persistante à contrarier une intention tôt ou tard s´efface d’elle même. Ce n´est plus alors la peine à vaincre l´obstacle qui freine l’action, mais la frustration de ne pouvoir atteindre l´objet qui nourrit son propre sentiment d´échec. À se morfondre sur une telle contrariété, on oublie que la persistance et la force de conviction peuvent déplacer les plus hautes montagnes. Eux tournent tout juste en rond et semblent déjà s’épuiser à franchir de simples collines…